L’impact du prélèvement à la source lors du recrutement
Après de multiples reports, le prélèvement à la source est enfin entré en vigueur depuis le 1er janvier 2019. Cette grande restructuration de l’impôt en France a des répercussions sur les salariés comme sur les entreprises.
Il s’agit maintenant pour les services des ressources humaines d’adopter cette nouvelle réforme dans leurs entreprises ce qui n’est pas sans conséquences, notamment en terme de recrutement. Mais qu’en est-il pour les candidats ? Faut-il continuer de parler en brut ? en net ? en net après prélèvement ? Et côté recruteurs ? Happy to meet you vous donne les clés pour mieux appréhender ce changement.
Comment fonctionne le prélèvement à la source ?
Comme auparavant, le prélèvement à la source nécessite toujours de réaliser une déclaration de revenus une fois par an mais désormais, vous n’aurez plus à vous soucier du paiement de votre impôt. Si vous êtes salarié, l’impôt sera prélevé directement sur votre salaire par votre employeur selon le taux qui vous sera attribué lors de la déclaration de vos revenus en ligne. Le prélèvement à la source s’adapte à tous les évènements de votre vie comme un mariage ou une naissance dans l’année en cours.
Cette nouvelle pratique de prélèvement peut par ailleurs poser problème à certains salariés qui ne souhaitent pas divulguer certaines informations à leur employeur. Si vous ne souhaitez pas que votre employeur accède à vos informations fiscales, ce dernier devra tout de même réaliser un prélèvement non personnalisé qui ne tiendra pas compte de votre situation personnelle. Dans ce cas-là, vous devrez verser le complément chaque mois directement à l’administration fiscale.
Quels impacts pour les embauches ?
Lors de l’embauche d’un nouveau salarié ne possédant pas encore un taux de prélèvement, c’est le taux de prélèvement non personnalisé qui sera automatiquement mis en place pour le premier bulletin de salaire. Par la suite et selon la volonté du salarié, le taux personnalisé sera donc appliqué. Dans cette optique, si un nouveau salarié touche moins de 1400 euros nets par mois, il sera imposé au taux non personnalisé le premier mois d’activité alors qu’il est en réalité non imposable. Ce facteur peut donc entrer en jeu lors du recrutement et faire hésiter le candidat.
Lorsqu’un salarié possédant déjà un taux de prélèvement est embauché dans une nouvelle entreprise, l’employeur pourra récupérer son taux auprès de l’administration fiscale. Le salarié sera donc imposé par le prélèvement à la source personnalisé dès son premier versement de salaire. En cas de variation de revenu, le salarié devra modifier son taux sur le site de l’administration fiscale.
Quels impacts dans l’entreprise ?
Florent Letourneur, cofondateur d’Happy to meet you – cabinet de recrutement et de marque employeur – revient sur les impacts du prélévement à la source dans l’entreprise : « Le prélèvement à la source va changer la donne seulement pour une partie de la population. Les cadres seront moins impactés par ce nouveau modèle de prélèvement car ils ont l’habitude de négocier leurs salaires en annuel brut. Le prélèvement à la source aura donc un impact plus important pour les salariés travaillant dans l’industrie qui négocient majoritairement leurs salaires en net or, en fonction de leur situation personnelle, les revenus vont être extrêmement variables. Autre impact, les frustrations et incompréhensions générées par le prélèvement à la source. Le candidat et le collaborateur peuvent ne pas comprendre les différences entre leur salaire et celui de leurs petits copains… alors que les différences peuvent être imputées directement aux différences de taux. En recrutement, le prélèvement à la source pourrait compliquer la donne. Nous voyons aujourd’hui de nombreuses annonces où le montant du salaire y est affiché sans plus de détail. Sans indications, il est impossible de savoir à l’avance s’il s’agit du salaire net ou net imposable. Les candidats pourraient donc interpréter de deux manières différentes l’annonce et se retrouver dans le flou et dans l’hésitation de postuler ».
Il y a fort à parier que plusieurs mois seront nécessaires pour que l’ensemble du marché s’adapte à cette nouvelle mesure.